Le Rugby Club Toulonnais, fondé en 1908, a rapidement marqué l’histoire de l’ovalie française. Mais avec cet accent chantant du Sud et une philosophie rugueuse sur le terrain, Toulon s’est rapidement trouvé des rivaux de taille, notamment dans sa région. Le rugby, sport profondément ancré dans les traditions locales, était avant tout une question d’honneur et de fierté territoriale. C’est dans ce climat que les premières rivalités voient le jour, portées par des équipes elles aussi gonflées à bloc.
Voici deux dates charnières : 1931 et 1987. En 1931, le RCT remporte son premier titre de Champion de France en battant Lyon dans une finale époustouflante (3-0). Cette victoire historique positionne Toulon comme un adversaire redouté. Quelques décennies plus tard, en 1987, Toulon impose un rugby spectaculaire et triomphe à nouveau en Top 16. Ces victoires successives installent le club dans le haut du tableau français et alimentent leur rivalité avec d'autres géants de l'époque.
S’il y a bien un duel qui fait trembler les tribunes, c’est celui entre Toulon et le Biarritz Olympique. Ces deux bastions historiques du rugby français partagent un ADN commun, celui de clubs fiers et engagés, mais leur opposition sur le terrain ne pourrait pas être plus explosive.
Leurs affrontements, particulièrement au début des années 2000, restent gravés dans l’esprit des supporters. Lors de la saison 2010-2011, un choc mémorable en demi-finale de Top 14 oppose les deux équipes. Toulon, porté par un Jonny Wilkinson en état de grâce, prive Biarritz d’une place en finale après un duel tendu et palpitant. Outre la performance sportive, c’est la guerre des mots et des gestes dans les tribunes entre supporters qui ajoute une saveur particulière à cette rivalité.
La rivalité entre Toulon et Clermont n’a rien d’une amourette passagère ; c’est une saga feuilletonnesque qui traverse les décennies. Leurs affrontements dans les années récentes, notamment en compétitions européennes, ont donné lieu à des moments glorieux… et des polémiques.
Impossible de ne pas mentionner la finale de Champions Cup en 2015. Dans un match ultra disputé, Toulon décroche la victoire (24-18), offrant ainsi au club son troisième sacre consécutif en Coupe d’Europe. Clermont, malgré un effectif immense, échoue encore face à la machine toulonnaise menée par Wilkinson, Giteau et consorts. Cette rivalité dépasse le cadre du terrain : elle anime également les échanges enflammés entre supporters sur les réseaux sociaux et dans la presse régionale.
Poursuivons ce tour d’horizon avec un autre classique : Castres Olympique contre le RCT. Si leur rivalité n’a pas toujours été au cœur des débats nationaux, ces deux équipes se rencontrent régulièrement dans des matchs aussi physiques que stratégiques.
En finale du Top 14 2013, Castres prend sa revanche après une domination toulonnaise et s’impose 19-14. Pour Toulon, cet échec reste un moment douloureux, car il empêche le doublé Coupe d’Europe – Championnat. Mais les retrouvailles l’année suivante ravivent les tensions avec des matchs à haute intensité devant des tribunes en fusion. Ces rencontres symbolisent un rugby combatif, où chaque mètre gagné sur le terrain devient une victoire symbolique.
La guerre du Sud ne serait pas complète sans parler de Montpellier, un adversaire qui partage avec Toulon des ambitions sportives bien affirmées. Ce face-à-face est souvent qualifié de "derby du soleil".
Si Montpellier s’est progressivement imposé dans le top du rugby français grâce à des investissements massifs et un jeu moderne, Toulon ne se laisse pas impressionner. En 2018, une confrontation en barrages du Top 14 reste longtemps dans les mémoires. Toulon, malgré son statut de favori, trébuche face à un Montpellier opportuniste (28-17). Ce match marque une transition générationnelle, mais les oppositions suivantes restent pleines de promesses et de tension.
Derrière chaque affrontement, il y a toujours des histoires de territoire, d’honneur et de raccordement avec le public. Toulon, une ville passionnée et viscéralement attachée à son club, n’accepte jamais la défaite sans une certaine houle d’émotions. Le stade Mayol devient, à chaque derby ou choc majeur, une véritable arène où le projet sportif et l’identité locale fusionnent.
L’une des raisons pour lesquelles ces rivalités perdurent, c’est aussi grâce aux supporters. Chants, applaudissements mais aussi parfois éclats de colère transcendent ces derbys bien au-delà du simple aspect sportif. Toulon, ce n’est pas seulement une équipe : c’est une fierté régionale qui se mesure à chaque coup de sifflet final.
Avec l’évolution du rugby professionnel, la dynamique des rivalités peut changer. De nouveaux clubs émergent, les calendriers s’intensifient, et les effectifs tournent plus rapidement. Cependant, une chose ne changera jamais : la capacité du Rugby Club Toulonnais à soulever des émotions, surtout face à ses adversaires historiques.
Alors, que vous soyez un fidèle des gradins de Mayol ou un curieux en quête d’adrénaline sportive, ne perdez jamais de vue que chaque derby est un morceau d’histoire à vivre intensément. Parce qu’à Toulon, le rugby est bien plus qu’un jeu : c’est une affaire de cœur et d’identité.