Bien qu’il ne soit pas le plus clinquant des noms de l’histoire toulonnaise, on ne peut débuter sans mentionner l'influence que des figures comme Lucien Mias eurent sur le club dans ses premières décennies. Entraîneur emblématique au destin parfois éclipsé par les suivantes générations, Lucien a su poser les bases d’un rugby rigoureux, axé sur l’impact et la discipline. Ce pragmatisme caractérisera longtemps l’ADN du RCT. Toulon a pu ainsi émerger comme un bastion fier parmi les grands clubs français, malgré une personnalité club encore en construction.
Une anecdote amusante ? Sous son impulsion rigoureuse, plusieurs joueurs durent apprendre à lier condition physique et tactique, parfois avec des entraînements... improvisés sur les plages toulonnaises ! Une touche locale qui a forgé des souvenirs impérissables.
Impossible de parler des entraîneurs ayant marqué l’histoire du RCT sans évoquer Bernard Laporte. Entre 2011 et 2016, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France a totalement transformé le visage du club.
Laporte ne se contente pas de diriger sur le plan sportif. Sa vision est globale : il veut faire de Toulon un acteur incontournable et durable du rugby européen. Cette ambition spectaculaire débouche sur un recrutement d’élite, inédit par son ampleur et son impact. Jonny Wilkinson, Carl Hayman, Matt Giteau, ou encore Bryan Habana rejoignent l’aventure, formant une constellation de stars rarement vue dans l’histoire du rugby mondial.
Plus qu'un trophée ou deux, la réussite de Laporte installe Toulon comme une place forte du rugby européen. Son style d’engagement sans faille, mêlé à une excellente gestion des egos dans le vestiaire, redéfinit ce dont le club est capable.
Au-delà des victoires, l’héritage de Bernard Laporte repose sur cette capacité à fusionner une mentalité « guerrière » toulonnaise et des stratégies modernes, ancrées dans la science du haut niveau. Un équilibre rare.
Lors de la finale de la Champions Cup 2013 à Dublin, Laporte confiait après le match s’être emporté dans les vestiaires à la mi-temps. Son discours fulminant aurait galvanisé l’équipe, menant à une victoire arrachée sur les dernières minutes. Une scène typique de l’homme, entre passion et transcendance.
Si une seule personne devait incarner l'âme de Toulon, ce serait probablement Daniel Herrero. Figure emblématique du rugby français des années 1980, il n'était pas qu'un entraîneur : il était un conteur, un philosophe et une icône toulonnaise.
Au-delà de ses célèbres bandeaux rouges, Herrero a amené le RCT jusqu'à un titre de champion de France en 1987, un moment gravé dans tous les cœurs varois. Sous sa houlette, le jeu toulonnais oscille entre un pragmatisme baguette magique et une liberté laissée aux joueurs pour improviser des actions spectaculaires. Son attachement viscéral à l'identité et à l’histoire toulonnaise lui vaut d’être presque vénéré dans la région.
En plus de ses performances sportives, Herrero laisse un héritage verbal et philosophique unique. Véritable ambassadeur du rugby en général, il n’hésitait pas à utiliser des citations de Camus ou de Prévert dans des causeries d’avant-match. Un style dont les répercussions dépassent les terrains.
Un mot pour résumer Herrero ? Peut-être bien « légendaire »...
Après des périodes de transitions compliquées à la suite de l’ère Laporte, le RCT s’est tourné vers des figures reconnues du rugby moderne pour se réinventer : Franck Azéma et Pierre Mignoni. Ce duo d’entraîneurs à la complémentarité prometteuse, arrivés respectivement en 2021 et 2023, cherche à redonner au RCT une œuvre collective laissant autant place aux valeurs de combat qu’à un rugby éblouissant.
Azéma, ancien boss de Clermont et champion de France en 2017, apporte une rigueur réputée et un sens stratégique affûté. Mignoni, ancien demi de mêlée et figure historique du club en tant que joueur, revient à Mayol avec la volonté de prolonger l’histoire et reconnecter le club à son feu sacré.
L’ambition est claire : ramener le Bouclier de Brennus à Toulon. Et si l’équipe trouve l’équilibre attendu entre expérience et jeunesse, les supporters peuvent entrevoir un horizon radieux.
Ce qui ressort le plus en regardant l’histoire du RCT, c’est la diversité des profils de ses entraîneurs et, surtout, leurs attaches au club et à ses valeurs. Chacun, à sa manière, a su marier tradition et innovation, insufflant au club une direction claire dans des périodes souvent très contrastées.
Que ce soit à travers le pragmatisme originel de Lucien Mias, le leadership transformateur de Bernard Laporte ou encore l’héritage poétique et chaleureux de Daniel Herrero, chaque entraîneur a posé une pierre essentielle à l’édifice rouge et noir. L’histoire du RCT est une mosaïque, colorée par les personnalités uniques de ceux qui ont tenté – et souvent réussi – d’en tirer le meilleur.
Reste à voir ce que l’avenir nous réserve, mais si l’histoire nous enseigne quelque chose, c’est que Toulon continuera à écrire des pages passionnantes. Et pour ça, on sera toujours là, parce qu’après tout, il n’y a pas d’endroit où vibrer comme au Mayol.