Le Rugby Club Toulonnais voit le jour en 1908, issu de la fusion entre deux clubs locaux : le "Stade varois" et "l’Étoile sportive toulonnaise". Dès ses débuts, le club affiche une ambition claire : asseoir Toulon comme une place forte du rugby en France, inspiré par le populaire rugby à XIII et à XV. À cette époque, le rugby était encore en pleine structuration en France, mais la ville de Toulon, avec son port et son dynamisme, offrait un terreau idéal pour son développement.
C’est en rouge et noir, inspirés des couleurs des équipes des bouchons toulonnais (les dockers), que les joueurs foulent les premiers terrains. Ces couleurs devenues mythiques enflamment rapidement les cœurs des supporters. Les premiers matchs disputés sont pour le plaisir, mais l’équipe se hisse vite parmi les meilleures formations régionales.
Le RCT commence à se faire un nom dans les années 1920, mais c’est véritablement en 1931 qu’il marque l’histoire en remportant son premier titre de champion de France. Cette finale face à Lyon reste un moment de légende pour le club et ses supporters. Devant 20 000 spectateurs réunis au Stade Yves-du-Manoir (Colombes), Toulon s’impose 6 à 3 après une rencontre âpre et disputée. Les héros de l’époque, comme Félix Lambey, entrent dans la légende locale.
Ce titre assoit Toulon comme une référence du rugby hexagonal et permet au club de renforcer son image. Cette réussite attire de nouveaux talents locaux et même nationaux. Le club est alors surnommé "Le Rugby de la rade" et bénéficie d’un soutien populaire qui ne cessera de croître.
Après le sacre de 1931, le RCT connaît des hauts et des bas. Bien que toujours présent dans la compétition, le club peine à retrouver les sommets. La décennie d’après-guerre est notamment marquée par l’instabilité, mais aussi par une ferveur populaire indéfectible. Toulon reste l’un des clubs les mieux soutenus de France, preuve de ce lien unique entre le club et sa ville.
Il faut attendre 1987 pour voir Toulon renouer avec la gloire. Cette année-là, sous la houlette de joueurs iconiques du moment comme Eric Champ et Pierre Trémouille, le club décroche son deuxième bouclier de Brennus en battant le Racing Club de France 15 à 12 lors de la finale. Un match qui reste gravé dans les mémoires des passionnés de rugby.
Dans les années 1990, le Rugby Club Toulonnais traverse des moments délicats, notamment sur le plan financier. Le rugby professionnel, officialisé en 1995, vient bousculer les équilibres. Pour rester compétitif, le RCT doit s’adapter rapidement à cette nouvelle ère. Mais ce passage au professionnalisme met à rude épreuve les clubs qui ne disposent pas encore d'importantes ressources financières.
Dans ce contexte compliqué, le club ne parvient pas à se maintenir durablement parmi les meilleures équipes du championnat. Malgré tout, il conserve un vivier local important et continue de nourrir sa flamme grâce à son public fervent et fidèle.
Le véritable tournant dans l’histoire moderne du RCT intervient en 2006, avec l’arrivée de Mourad Boudjellal à la présidence. L’emblématique homme d’affaires et passionné de rugby injecte des moyens colossaux et adopte une stratégie audacieuse : recruter des stars mondiales pour renforcer l’effectif.
Quelques noms ? Jonny Wilkinson, Tana Umaga, Matt Giteau, Bakkies Botha… L’équipe commence à faire rêver et les résultats suivent. À partir de 2012, Toulon entre dans une ère exceptionnelle, remportant trois fois de suite la Coupe d’Europe (2013, 2014, 2015), un exploit inédit pour un club français. En parallèle, le club s’offre un quatrième bouclier de Brennus en 2014 en battant Castres en finale.
Grâce à cette stratégie, Toulon devient une référence mondiale et offre à son public des moments inoubliables au Stade Mayol et au-delà. Laisonnier, le club est désormais cité parmi les plus grands noms du rugby européen.
Depuis l’apogée des années 2010, le RCT connaît des saisons plus contrastées. Entre départs de joueurs stars et renouvellement de l’effectif, le club doit relever de nouveaux défis pour retrouver les sommets. Toutefois, sous la présidence de Bernard Lemaître, le club continue d’investir dans son centre de formation et mise sur l’avenir.
Récemment, le RCT a retrouvé des ambitions claires, avec des parcours honorables en TOP 14 et des espoirs renouvelés grâce aux joueurs prometteurs comme Charles Ollivon.
Le Rugby Club Toulonnais reste une pierre angulaire de l’identité toulonnaise. Ses couleurs rouges et noires, son hymne chanté à pleine voix au Stade Mayol et ses supporters fervents sont autant de symboles de ce lien inaltérable entre le club et sa ville. Que ce soit lors des victoires qui marquent l’histoire ou des périodes de reconstruction, le RCT incarne l’esprit de résistance et de passion qui caractérise Toulon.
Et si l’histoire est encore loin d’être terminée, une chose est certaine : le RCT continuera de faire vibrer des générations de Toulonnais, sur et en dehors du terrain.
